vendredi 2 décembre 2011

L'Ouverture de Don Giovanni (2)
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Commentaire
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Le désir de Don Giovanni
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Ce deuxième volet de l'Ouverture nous fait, semble-t-il, passer du mythe au vécu intime de Don Giovanni.
Avec le molto allegro, nous sommes devant l'une "des pensées les plus hautes de Mozart", l'une des "plus téméraires", l'une de celles qui sont "comme des fragments caractéristiques de la réalité".
" Cette "réalité", que la psychanalyse prend en charge à sa manière, et qui nous paraît être ici en tout cas celle de cet écoulement libre du désir dont nous parlions à l'instant: plus particulièrement du désir amoureux. Écoulement indéfini, illimité, déjà là quand on veut en saisir l'origine, déjà ailleurs quand on le croît attaché à un objet précis; sans commencement ni fin, parce que tirant sa substance de soi; manifestant en son immanence et en sa mobilité une volonté hostile comme telle à tout endiguement, à toute répression, à tout rabattement sur quelque morale ou quelque religion que ce soit. La marque d'un désir qui ne serait pas même un manque, comme dans le Banquet de Platon; qui ne serait plus située entre le besoin et sa satisfaction, mais dans une force interne à la fois affirmatrice et donatrice de vie...
Tel est, après le mythe dit de Don Juan, le mythe de son désir, tel est, exprimé dans toute sa pureté, ce fantasme d'un désir qui va surplomber dans toute son exigence, le cours imprévisible de ses aventures, jusqu'à lui faire accepter la mort plutôt que de renoncer à la tension qui l'habite.
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Plus que tout autre chose, l'ouverture de Don Giovanni lie ce qui m'est échu d'existence à un défi qui m'ouvre au ravissement. Georges Bataille, Oeuvres Complètes, Gallimard. Tome 1
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