vendredi 2 décembre 2011

La Commande de l'opéra

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Don Giovanni.


La commande de l'opéra..


L'année 1776 voit le succès tout relatif des Noces, la cabale de Salieri et des autres s'en mêlant. Le sujet, la musique, déçoivent des gens habitués à l'art italien; d'ailleurs tout l'art de Mozart paraît difficile.

Aussi l'abandon du public, la maigreur des commandes, l'échec des souscriptions interrompent sa vie mondaine et des temps amers commencent pour lui, qui ne cesseront jamais, l'obligeant à donner des leçons de musique. A quoi s'ajouteront les deuils d'enfants nouveau-nés.

Heureusement il y a l'affection de Haydn, l'appartenance à la loge maçonnique de La Bienfaisance et le commerce des amis anglo-saxons. Heureusement encore, à la fin de l'année, il apprend le succès éclatant des Noces, données à Prague. Le comte de Thun, frère en maçonnerie, l'invite à venir diriger une représentation.

Il part avec Constance à Prague. Partout, en effet, on y fredonne les airs de Figaro. Un concert, quelques jours après, lui rapporte même un gros bénéfice mais surtout, il signe avec Bondini, le directeur du Nationaltheater, un contrat pour un nouvel opéra dont le livret est laissé à son choix et la première prévue pour septembre de l'année à venir. La partition remise, il touchera 100 ducats; et, quand il retournera à Prague pour les répétitions et représentations, il sera défrayé de tous frais. C'est là le germe de Don Giovanni.


.Le livret et la composition


.Mozart est de retour à Vienne, en 1776 sa vie morose et souvent affligeante reprend. Son ami, son frère en maçonnerie, le comte Hatzfeld, meurt à 31 ans. Puis le groupe des amis anglais quitte la ville pour l'Angleterre - où, son nouvel opéra achevé et donné, il espère se rendre quelques temps. D'où sans doute ce Rondo émouvant en La mineur (K511) qu'il écrit alors. A quoi s'ajoute un Rondo pour cor et deux Arias dont une pour Gottfield von Jacquis, oeuvres dont il dit qu'elles sont plus le fruit de l'amitié et de l'amour que de la technique...

Là-dessus, il apprend la maladie de son père, auquel il adresse cette lettre célèbre sur la mort et il déclare à un moment : Comme la mort (...) est le vrai but de notre vie, je me suis, depuis quelques années, tellement familiarisé avec cette véritable et excellente amie de l'homme que son visage, non seulement n'a plus rien d'effrayant pour moi, mais m'est très apaisant et très consolant! Et je remercie mon Dieu de m'avoir accordé le bonheur de saisir l'occasion d'apprendre à la connaître comme la clé de notre félicité. Et encore: Je ne serais plus là, et pourtant, personne de tous ceux qui me connaissent ne peut dire que je sois chagrin ou triste dans ma fréquentation. C'est à croire que l'initiation maçonnique a porté tous ses fruits! D'où sans doute la sérénité des Quintettes en Ut (K511) et en Sol mineur(K516) de cette période.

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Adieu son bel appartement, il doit déménager rue Landstrasse, toujours à Vienne. Ici a lieu la fameuse rencontre avec le jeune Beethoven, qu'on lui a envoyé de Francfort, et dont on sait qu'elle fut un énorme malentendu, étant donné sans doute l'écart de tempérament des deux hommes.

Après cela, il apprend la mort de son père. Il n'aura pas eu le temps d'aller embrasser celui dont il disait: "Tout de suite après Dieu vient papa", qui est devenu de plus, un frère en maçonnerie, mais dont toute sorte de discordes l'ont séparé depuis 10 ans, le père reprochant à son fils son refus du "service" auprès des princes, ses dépenses, ses divertissements, enfin son mariage. Affrontement qui devient soudain symbolique, quand on songe que le même affrontement va être illustré dans l'opéra à venir, mais à un niveau de manifestation plus cruel. Un partage des biens a lieu entre sa soeur Nannerl et lui.





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Mais le temps presse, malgré toutes ces morts. Mozart s'est tourné encore une fois vers Da Ponte pour le livret de l'opéra, et celui-ci lui a proposé le personnage de Don Giovanni.

Ce sont les Mémoires de Da Ponte qui nous informent. Ce dernier aurait dit à l'Empereur son dessein d'écrire pour trois compositeurs en même temps: le soir pour Mozart, après avoir lu quelques pages de Dante; le matin pour Martin, la référence étant Pétrarque; l'après midi pour Salieri, la référence étant ici Le Tasse.

"Vous n'y arriverez pas" aurait dit l'Empereur.

Mais Da Ponte serait resté à sa table de travail 12 heures par jour, un flacon de Tokay à sa droite, un sachet de tabac de Séville à sa gauche, et un encrier devant lui. Il aurait eu comme employées une mère et sa propre fille. Et cette dernière, qu'il aurait préféré aimer que comme sa fille, apparaissait dès qu'il agitait une sonnette; et, comme il avait froid, il abusait de la sonnette.

Alors la jeune fille, le fixant rêveusement, réveillait les esprits endormis et, parfois, le progrès du sujet lui faisait venir des larmes. Il est encore symbolique ici, si tout cela est vrai, que le livret de Don Giovanni soit né entre du Tokay, du tabac, et des tasses de chocolat servies par une mère et une fille point farouches... Et ce livret aurait été écrit en deux mois.

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(lien vin de Tokay)

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Mozart -toujours selon Da Ponte- est aussitôt enchanté. La collaboration étroite de Da Ponte et de Mozart pour mener le livret à bien sera très étroite. Les mois de juillet et d'août sont consacrés à la composition - le mois d'août voyant naître aussi la Petite Musique de Nuit (K525) et la Sonate pour piano et violon en La (K526).http://





Ainsi, quand Mozart part pour Prague, une grande partie de l'oeuvre est composée. Mais il a au préalable perdu pour toujours son médecin et ami Sigismund Barasin, qui lui a sauvé la vie par deux fois. Il part, accompagné de Da Ponte et de Constance, enceinte de six mois





Constance Mozart

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