La Création de Don Giovanni

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Joseph II

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(1741-1790)

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Don Giovanni

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La création

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Le Nationaltheater où va avoir lieu la première de Don Giovanni, est tout un symbole. C'est le lieu par excellence de l'âme tchèque et de sa résistance à l'Autriche. Depuis le règne de Marie-Thérèse, la Chancellerie de Bohème a été supprimée. Les Diètes sont bâillonnées. Aussi tout un mouvement s'est fait jour contre la centralisation et la germanisation abusives de Vienne: un nationalisme fougueux, accompagné de revendications culturelles. Face au despote, on a dressé, entre autres choses, ce Nationaltheater, un bijou d'architecture bleu et or.

Le théâtre a été inauguré le 21 avril 1783 avec Emilio Gallot, une pièce de Lessing, en faveur des libertés individuelles et collectives.

On comprend que Mozart soit invité, choyé, adulé par une telle ville. Les Noces y avaient fait l'effet d'une bombe lancée contre le régime autrichien et depuis l'on chante partout les airs de Figaro. Certes il y a la musique, le génie de Mozart; mais il y a aussi que ce franc-maçon donne l'impression aux Tchèques d'être comme spontanément associé à leur résistance.

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Les chanteurs, choisis pour la création de Don Giovanni, sont tous remarquables : Thérèse Saporiti, une beauté physique et une voix appréciée dans toute l'Europe dans donna Anna; Antonio Baglioni dans don Ottavio; la basse ténorisant, Luigi Bassi, âgée seulement de 21 ans et aussi la femme et la belle-soeur de Bondini.

Pour l'orchestre, il est remarquable aussi: l'Ecole d'Archets Pragoise et le virtuose Frantisck Bendà.

Les décors rappellent des monuments et des paysages locaux: les violettes de Kosohirz, le cimetière des Israélites; Deux choses, entre autres, au nom desquelles la ville de Prague veut montrer qu'elle peut rivaliser avec Vienne.

Mozart dirige lui-même les déplacements d'acteurs: lors de la générale, trouvant qu'Elisabeth Bondini, qui incarne Zerlina, ne joue pas assez lorsque Don Giovanni veut l'enlever, le compositeur lui cause une telle frayeur qu'elle se met à hurler! Comme un des trombones joue faux lorsque le Commandeur dit à Don Giovanni: Di rider finiral, Mozart s'en plaint, l'instrumentiste lui rétorque qu'il ne sait pas instrumenter. Du coup, le Maître fait doubler les cuivres par trois hautbois, trois clarinettes et trois bassons.

La Première et la suite

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Le 29 octobre 1787 a lieu la première. L'Oberpostzeitung, journal officiel de Prague, en rend compte le 3 novembre. Selon l'article, rien de pareil n'a jamais été représenté; et lorsque Mozart paraît sur scène, il est salué par une triple acclamation. Tout, poursuit l'article, a été fait en vue de parvenir à un résultat remarquable: l'importance des choeurs, la richesse des décors, lesquels ont occasionné une grande dépense.

Don Giovanni, opéra difficile, voilà en effet un épithète qui va longtemps être accolé à l'oeuvre.

Selon Niemtschek, Guardasoni, l'impresario et Bondini, le directeur de la troupe, ne se tiennent pas de joie. Comme pour les Noces, les recettes sont excellentes.

Enfin, Da Ponte, dont on sait qu'il n'a pu assister à la représentation, mentionne dans ses écrits une lettre de Mozart lui annonçant le succès de la première et une autre de Bondini, disant à son endroit:"Vive Da Ponte! Vive Mozart!"

Enfin libéré de son anxiété, Mozart passe quelques jours de merveilleuses vacances à Prague comme il l'a déjà fait quelques mois auparavant.