lundi 2 juillet 2012

Extrait de presse





Dossier de Presse.

Le Provençal, le 23 janvier 1998 (interview): Ce spécialiste de Wagner et de Mozart souhaite "porter à la connaissance du plus grand nombre un ouvrage difficile" et mène un travail de défrichement pour le grand public.
..."C'est un opéra tellement chargé de substance philosophique et symbolique."
..."Les gens ont besoin de s'initier et d'entendre le message de La Flûte enchantée encore et encore."


Le Var Nice Matin, le 18 janvier 1998 (interview)
... Q: "N'est-il pas réducteur de ne voir dans La Flûte enchantée qu'une oeuvre maçonnique?"

....R:"Sur cette question plusieurs écoles s'opposent. Certains spécialistes estiment que l'opéra est une oeuvre universelle et qu'il ne faut pas l'assimiler à la Franc-maçonnerie. Mon point de vue est différent, je pense qu'il n'est pas possible d'ignorer l'influence des loges sur Mozart. Les symboles foisonnent dans la Flûte enchantée".

Liberté Dimanche (Rouen), le 15 mai 1994
C'est une analyse très fouillée qui met en évidence les rapports directs qui existent avec la Franc-maçonnerie mais on se surprend aussi à aller plus loin pour découvrir - et admettre- un parallèle entre "Parsifal" le "Rédempteur" qui s'emploie à sauver un groupe d'hommes et Tamino, sauvé par un groupe et devient de ce fait un initié.

On se promène ainsi dans un raisonnement qui ne se contente pas de reprendre les poncifs habituels mais qui tente d'aller plus loin dans l'explication de la condition humaine et des rapports dans les couples. Ainsi, pour Jacques Junca, la Reine de la Nuit est-elle cette mère qu'il faut quitter un jour pour passer sous la loi du père Sarastro. (François Vicaire)

Le serpent dans La Flûte enchantée.

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Photo Malgbern


Le Serpent

Le Serpent dans la Flûte Enchantée.

Voici donc un serpent qui se dirige vers un jeune homme, lequel n'a rien pour se défendre et perd connaissance, comme si les noeuds de la bête l'avaient déjà étouffé. A proprement parler, il n'y a pas lâcheté mais perte de soi-même.
Les Trois Dames portent alors chacune un coup à l'agresseur, le tronçonnant en trois morceaux, alors qu'il devrait y en avoir quatre! Ce qui signifie que nous sommes au niveau symbolique le plus élevé et le plus homogène.
Le serpent est en effet, avec l'arbre, le symbole sans doute le plus riche de toute la culture mondiale. Se mordant la queue en formant un cercle, il est Ouroboros, l'avaleur qui s'avale. Il est censé se manger et se régénérer en même temps, la Mort naissant de la Vie et la Vie de la Mort.

Tournant sur lui-même à l'infini, il est l'immobilité et l'éternité de la nature sous l'apparence changeante. Mais ici il se présente tout de son long. Il se dirige vers Tamino, en des mouvements ondoyants qui se voudraient enveloppants. Par là, le serpent est l'image des forces élémentaires, instinctives, aveugles, tendant à étouffer l'être humain par leur excès, en portant atteinte à sa partie raisonnable et spirituelle.

D'où l'opposition dans l'Homme entre les forces naturelles obscures d'influence lunaire et les forces claires solaires venant de sa psyché.
Mais il s'avère que le serpent est fixé au sol et tronçonné. Ainsi, dans l'ancienne Egypte, les prêtres de Ré, dieu de la lumière et donc Soleil lui-même, piétinaient et écrasaient tous les matins, tous les midis et tous les soirs, l'effigie du serpent Apophis sur le sol du temple, afin d'aider Ré à sortir une nouvelle fois à l'horizon des ténèbres souterraines où Apophis était censé le retenir et l'altérer et surtout par temps d'orage ou d'éclipse!
Mais si le serpent est fixé au sol, il n'est pas mort pour autant. Comment pourrait-il mourir, étant la Vie, étant le réservoir de toutes les potentialités, le lieu primordial de toutes les différenciations? Aussi vaut-il mieux dire qu'il est maintenant jugulé par ces trois coups. Trois étant, comme on l'a déjà dit, le nombre symbolique par excellence. Celui de l'achèvement, de la perfection réalisée; sa signification principale étant d'harmoniser les contraires: ici, les forces élémentaires et les forces spirituelles de l'Homme.
Le modèle du serpent de La Flûte est, dans le roman Sethos de l'abbé Terrasson, le Grand Serpent de Lybie qui fait l'objet d'une expédition de Sethos et de ses amis, sous la conduite d'Amedès. Ce Grand Serpent, curieusement, n'est pas tué mais maîtrisé et ramené à Memphis pour être mis dans un zoo!
En fait, c'est en Tamino que quelque chose est mort vraiment. Mort avec cet évanouissement et avec ce réveil, qui correspondent à un changement de statut en lui. Mort à ce qu'il était jusque-là ou qu'il aurait pu être si... Un abcès serpentin a crevé en lui. Il se réveille un autre qu'il n'était: qui suis-je? où suis-je?
Oui: ce sont là une mort et une renaissance déjà initiatique, apparemment dues au hasard, plutôt passives et involontaires par rapport à la mort et à la renaissance qui constituent la véritable initiation à venir. Comme si Apollon lui eût fait la grâce d'étouffer les assauts du serpent python en lui, presqu'en dormant! Mais maintenant le voilà prêt pour la suite. Et la suite ce sera, sur le lit du désir jugulé, la découverte de l'amour.
Quant aux Trois Dames, ce qu'il faut noter, c'est tout ce charme qu'elles dégagent, toute cette finesse que Mozart a mise en elles. L'humour dans cette histoire, est qu'elles s'intéressent à quelqu'un dont elles ont contribué à assagir les désirs intempestifs et désordonnés, au profit de l'éveil d'un sentiment amoureux dont elles ne seront pas l'objet.

Mozart










































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La victoire de la Lumière sur les Ténèbres


La Flûte Enchantée

Tableau X scène 30

Un immense soleil symbolise la clarté. Le rythme de la musique devient lumineux sur l'accord imprévu d'un Fa mineur menant à un Si bémol. Nous nous trouvons dans le temple et les derniers vestiges de la tourmente précédente ont disparu.
Sarastro est debout devant l'assemblée. Tamino et Pamina sont là, revêtus des mêmes habits blancs que les prêtres. Les Trois Garçons sont là aussi, avec des fleurs dans la main.
Encore un écho de la descente de la Nuit, puis une montée de la Lumière avec des gammes ascendantes des violons, comme un vol d'alouettes en plein ciel; enfin la fanfare rayonnante de deux fois trois accords: l'astre est là, dans toute sa majesté.
Sarastro, en un court récitatif, proclame la victoire du Soleil sur la Nuit et l'anéantissement des hypocrites ( der Heuchler), au pouvoir traîtreusement conquis. Le Si bémol a rejoint maintenant le Mi bémol "hiératique". C'est dire que la voix se déploie solennellement: ponctuée une fois, puis deux fois par l'accompagnement, comme trois grandes assertions; soulignant d'une impressionnante chute de tessiture le mot hypocrites; puis concluant plus mélodiquement... Le motif du récitatif de Sarastro est imité de celui de la cantate: Dir, Seele des Weltalles ( A toi, âme du Cosmos, hymne au soleil mozartien de date incertaine, et ce n'est pas sans rapport avec le choeur final de Thamos, autre hymne au Soleil.
Alors a lieu le Choeur final, en Mi bémol majeur, composé d'un andante et d'un allegro.
Préfacé par de grands accords, l'andante est un salut aux nouveaux initiés, ayant traversé la Nuit, puis une action de grâce à Isis et Osiris. Le même thème se retrouve à la fin des Noces de Figaro, quand la comtesse pardonne au comte.
Aussi les époux Massin voient-ils comme une indiscutable signature maçonnique apposée à cette oeuvre.
Signature maçonnique ou pas, Hermann Abert (in W.A . Mozart tome II page 300) note que dans Les Noces de Figaro comme dans La Flûte enchantée, c'est la même purification ou lustration du couple.
Tout cela ne rend pas compte de la beauté solennelle de cet andante, de l'ampleur concertante de ses voix ou de ses forts contrastes, jusqu'à frôler le susurrement.
Vient l'allegro à quatre voix mixtes, syllabique comme toute moralité, et célébrant les trois vertus fondamentales: la Force, la Beauté et la Sagesse.
Ce sont là les trois piliers du Temple. Ce sont aussi les trois piliers symboliques de tout temple maçonnique, piliers représentés par trois bougies, posées sur des chandeliers, que le Maître de Cérémonie allume successivement lors du rituel d'ouverture des travaux: la Force édifiant, la Beauté ornant et la Sagesse dirigeant...
Le rythme de l'allegro, d'abord vif comme une danse villageoise, se mue chez les sopranos en suaves vocalises, à l'évocation de la Beauté, ainsi opposée à la Force, et rappelle la ligne de chant de Tamino célébrant la puissance de la musique au moment d'affronter les épreuves, lors du quatuor avec Pamina et les Hommes en armure.
Le rythme revient alors pour l'apothéose finale sur un Mi bémol jubilatoire et les trois accords terminaux concluent le postlude.