lundi 24 octobre 2011

.
L'ouverture
de
Giovanna d'Arco
.
Jeanne d'Arc
Eglise d'Usclades-et-Rieutord
L'ouverture n'est sans doute pas récapitulative de l'oeuvre, mais elle a au moins une fonction signalétique. Elle n'est pas, non plus, à rapprocher de l'ancienne sinfonia ou de la forme sonate. Ainsi, rebelle à toute étiquette, disons qu'elle comporte trois parties, que nous pouvons nommer par ce qu'elles représentent et suggèrent: une tempête, un tableau champêtre et un moment conclusif jubilatoire.
La tempête est en ré mineur, tonalité propre à toute manifestation naturelle un peu forte. Elle est, de plus, sans véritable charpente thématique, mais elle a cependant un rôle mnémotechnique, car nous en retrouvons l'écho dans l'opéra. le morceau est à la fois peinture concrète mais aussi peinture intérieure: il renvoie réellement à un phénomène terrestre mais aussi à un bouleversement d'ordre purement humain. On entend d'abord, pianissimo, comme de vagues rumeurs, mais qui montent vite, enflent et s'installent enfin dans le fortissimo. Et, après un développement aux accents déterminés, voici les sons éthérés de la flûte et du hautbois, un épisode de douceur, suivi d'une reprise de l'affirmation précédente, mais conclue par trois accords, eux-mêmes repris. Pour finir, encore la réapparition des son éthérés des bois et encore les trois accords, qui sonnent maintenant comme les accords du destin accompli...
Alors débute la deuxième partie, une sorte d'andante. En mineur, un mouvement grave et mélancolique, avec, en contrepoint, des pulsions sourdes. Il semble que cette musique doive s'imposer. Mais, soudain, en sol majeur, un mouvement léger, gracile, la remplace: un canon de rythme ternaire entre flûte, clarinette et hautbois, ponctué de pizzicati. L'étalement d'un rêve édénique, en somme, la paix idyllique de quelque bergerie: est-ce celle de Domrémy que l'héroïne, à un moment, regrettera? (Acte I). Ce morceau, Verdi l'aurait écrit en revenant de Rome, au milieu de la nature.
Enfin, après un point d'arrêt a lieu la troisième partie, un allegro final. On entend, en mineur, un thème très grave, voire tragique, soudainement interrompu, dans le mode majeur, par un mouvement à réminiscences rossiniennes: rapide, bruyant, qui va jusqu'à faire penser à un rythme de valse, avec ses arrêts, ses reprises... Cet emportement jubilatoire, quelque peu superficiel (il rappelle à certains des pages d'Auber), ne paraît pas évident à première vue. mais peut-être après tout qu'il correspond à l'impétuosité heureuse de Giovanna, alignant l'un à côté de l'autre les cadavres anglais.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire