mardi 11 septembre 2012

Cosima et Richard Wagner
ITINERAIRE VERS PARSIFAL
*

Cette année-là Wagner s'installe dans une petite maison "l'Asyl", dépendance sur la propriété d'Otto et Mathilde Wesendonck. Nous sommes en avril 1857. Il fait humide et froid. Un matin, en se levant, le musicien voit enfin luire le soleil. Il s'assied sur la terrasse: le jardin est splendide de verdure, les oiseaux l'enchantent de leurs trilles. L'espoir renaît avec la promesse printanière, quand il songe que c'est le Vendredi-Saint et que la véritable signification de cette date lui est apparue lors de la lecture du "Parzival" de Wolfram d'Eschenbach (1170-1220 environ) pendant son séjour à Marienbad. Dans l'intervalle il ne s'est guère soucié du poème; mais voilà qu'il s'impose à lui à nouveau dans ce soleil matinal et il esquisse aussitôt en quelques traits un drame en trois actes.

Telle est la version des faits rapportée dans "Mein Leben" (Ma vie) autobiographie dictée par Wagner à sa seconde épouse: Cosima, fille de Franz Liszt...

La réalité n'est pas aussi romantique comme l'a souligné Martin Gregor-Dellin dans son remarquable ouvrage "Richard Wagner au jour le jour" (Fayard ed.1981). Le Vendredi-Saint tombait en 1857 le 10 avril et Wagner, à cette date ne résidait pas encore à "l'Azyl". Seulement le compositeur dût maintenir le beau mensonge car c'est ainsi qu'il avait présenté à Louis II de Bavière les sources de son inspiration.

Septembre 1876 Wagner part avec sa famille à Sorrente, invité par Malwida de Meysenbourg. Le projet de "Parzifal" le tient à nouveau. Il en parle à Nietzsche également hôte de la grande dame. Le philosophe est en train d'écrire "Humain...trop humain", où il tente de débarrasser la nature humaine de tout idéalisme comme étant ce qui lui est, finalement, le plus étranger. Wagner évoque "son" Parsifal. Ils sont tous les deux sur un monticule en bord de mer et font une promenade automnale. Ils ne se doutent pas qu'ils ne se reverront plus. L'infini les séparant désormais: rien n'est plus contraire à Nietzsche que ce monde parsifalien fait d'un idéalisme religieux qu'il récuse et où il lit la décadence européenne.

Le voyage de Wagner se poursuit en direction de Rome, Bologne et Florence. Le 25 janvier 1877, de retour à Bayreuth, il dispose sur la table de travail de l'ébauche de Parsifal. En avril, le texte est achevé.
Après un séjour à Londres d'où il n'a pas rapporté l'argent escompté pour payer les dettes du festival, il entreprend les esquisses musicales tandis que Cosima traduit le livret en français, en demandant des avis à la poétesse Judith Gautier, amie de Wagner et fille de Théophile.


Judith Gautier

Paris 1845-Saint-Enogat 1917


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire