mardi 22 janvier 2013

Der Fliegende Holländer 

L'Ouverture
Ouverture... 

L'ouverture est déjà, dans Der Fliegende Holländer, un poème musical, comme le seront les suivantes. Déjà elle est récapitulative et annonciatrice de l'œuvre. Il faut remonter à l'ouverture de "Léonore" ou à celle "d'Egmont", selon Léon Emery, pour trouver pareille puissance dramatique. Mais Beethoven sculpte et combine des idées musicales à caractère très général, alors que les motifs wagnériens sont imprégnés de sensation, faisant penser à la palette d'un peintre ou d'un grand poète: bien évidemment Delacroix ou Hugo.
Ce qu'on entend d'abord, au cours d'une exposition, c'est la trompe d'un vaisseau à quoi répond une rumeur océanique. (Signalons avec Serge Gut, que cette ouverture débute "par la quinte à vide, magistralement déployée sur douze mesures. Voir son analyse, Revue l'Avant-Scène). Les gouffres  s'entrouvrent, paraissent se refermer, s'entrouvrent de nouveau jusqu'à des profondeurs abyssales. Qui ne reconnaît ici le thème de la tempête. Puis tout se calme peu à peu, se résout dans un grand silence. Voilà que perce le chant berceur de la tendresse, en ses modulations évoquant on ne sait quels soupirs, chant annonçant le motif de la ballade de Senta.
La Ballade de Senta
Mais ce chant s'amenuise à son tour, et, après que l'on ait entendu quelques trompes sourdes et lointaines, éclate un long développement où s'impose d'abord une longue phrase dramatique: le motif de l'errance tiré de la scène deux du premier acte, avec ses reprises hallucinantes coupées de traits stridents, relayées par d'apparentes fanfares faussement glorieuses et laissant enfin percer les accents de quelque fête: autrement dit le chant des marins qui apparaît surtout au début de l'acte trois.
Mais les mouvements traduisant l'errance reprennent, amortissant les accents de la fête. Tout désormais n'est que tension et détente.
Enfin une conclusion reprend les motifs du début, non en ré mineur, mais en majeur. Ce qui, selon André Poirier, favorise un rapprochement des illustrations musicales de Senta et du Hollandais, lesquels seront réunis dans la mort à la fin de l'œuvre.
Mais le plus touchant, selon nous, est que tous ces mouvements sont conclus par les accents de quelque assomption mystique.
Notons, pour finir, que cette ouverture est une version révisée par Wagner en 1860 en vue d'un concert parisien.


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