mardi 22 janvier 2013

Der Holländer Acte 1

Acte 1

La vie tranquille est sûre
(Scène première)
Livret.

Le rideau s'ouvre: les mouvements de l'orchestre s'élèvent jusqu'à un accord où se retrouvent tous les instruments: ils disent la mer déchaînée. Ce fracas tourbillonnaire des vagues donnera à tout l'acte son unité.
Un nouvel accord un demi-ton plus haut. L'on entend les onomatopées des matelots au travail. Les cuivres répercutent les cris de leurs efforts ponctués par la musique. Puis les cris et la musique s'unissent sur un rythme plutôt joyeux et énergique autour d'un thème intensément répété. Daland, capitaine du vaisseau norvégien vient d'accoster malgré la tempête. Cette dernière l'a emporté à sept miles du port qui devait être le but final de son voyage. Il note cependant qu'il est tout près du but, après un long effort, qui est sans doute -ajoute-t-il - la marque du mauvais coup qui lui était réservé et, accompagné à présent par la musique, il répète deux fois ces derniers propos, sur une cadence très italienne, le récitatif tournant à l'air.
Le pilote interpelle le capitaine. Celui-ci demande alors si tout va bien. Et l'autre répond que oui, qu'il y a même assez de fond. Après ce dialogue vif, ramassé, le rythme reprend. Daland dit reconnaître, hélas, la baie de Sandwick. Puis, dans un passage soudain lyrique, ajoute qu'il est déçu de ne pas revoir sa maison et sa fille, Senta, qu'il pensait déjà embrasser. Il note, avec humour, que le Diable lui a certainement réservé ce retard: ce vent, ces caprices, ne sont-ils pas un effet de "la pitié de Satan"! Il répète ces propos, tandis que l'accompagnement souligne la prétendue "pitié de Satan".
Toutefois, la déception de Daland n'est plus illustrée par la musique de l'ouragan: celle-ci tourne de plus en plus à l'air italien car le tragique est réservé au Hollandais qui doit survenir.
D'ailleurs le rythme allègre réapparaît, ramène une tonalité plus calme. Daland, dont l'agitation a tout à fait disparu, remonte à bord, conclut qu'il ne faut pas se plaindre et que la tempête s'est calmée, de tels déferlements durant peu; puis, rassuré, invite ses hommes à prendre du repos.
Tous les matelots descendent aussi tôt dans la cale. Mais Daland, bien qu'il n'y ait plus de danger, demande au pilote de veiller à sa place. Ce dernier assure qu'on peut avoir confiance en lui et fait déjà une ronde, tandis que le capitaine descend à son tour dans la cale.
La tempête, à l'orchestre, est toujours présente. Devenant intermittente, elle laisse percer, entre deux grondements, ce qui sera la danse des marins au dernier acte. Le pilote s'assied sur le motif des cris des matelots et, sentant le sommeil poindre, chante.
C'est alors que retentit le premier grand air de l'oeuvre. Deux strophes en si bémol majeur. Dans la première, le pilote dit qu'il vient des mers lointaines, des mers du sud, malgré la tempête, et qu'il s'approche de sa belle, qu'il est même là tout près d'elle. Son chant, d'abord sans accompagnement, est ensuite ponctué par la musique, puis, sur la ligne immobile des cordes, il célèbre le vent qui souffle et permet au marin de retourner vers sa belle et le convie même de souffler plus fort. Enfin, sur les cordes et les vents et, dans un beau mouvement ascendant, il dit que sa bien aimée s'ennuie de lui et il achève sur un  bel aigu ses interjections de matelot.
Mais une vague enfle, secoue le bateau, sur une musique d'ouragan. Notre homme sursaute, se lève, regarde. Rassuré, il se rassied.
Comme il s'endort de nouveau, il reprend sa chanson. Il dit d'abord les mêmes mots qu'à la strophe précédente puis ajoute qu'il porte un collier d'or à sa fiancée qui se meurt d'impatience. l'accompagnement change: ses volutes musicales illustrent l'ouragan si bien que chant et orchestre sont maintenant séparés.
La strophe achevée, le pilote sombre dans le sommeil. L'orchestre peint toujours l'ouragan mais sa force s'accroît: la tempête fait rage, les vagues se déchaînent. Au loin apparaît un vaisseau à voiles rouges et à mâture noire. Il s'approche rapidement et accoste sur le côté opposé de la baie dans un grand bruit d'ancre qui touche le fond. L'on entend pour la première fois le motif du Hollandais.
Puis c'est l'accalmie. Le pilote se réveille, ne voit rien, reprend le lambeau de sa chanson sur la nécessité du vent du sud, ce qui accentue le divorce entre le texte et la musique.
Scène très belle par sa simplicité, scène que clôt merveilleusement cette reprise de la chanson, qui, de même que les danses africaines, a une fonction implorante. Scène dont le charme vient sans doute de ce que, sur le fond musical tragique qu'on a évoqué, c'est finalement la vie tranquille et sûre qui se trouve peinte: les départs, les retours et le bonheur inhérent à tout cela. Une vie où l'amour lui-même a une démarche rassurante.

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