Der Fliegende Holländer
Le Vaisseau fantôme
Histoire d'une oeuvre
Eté 1838. Wagner lit les romans d'Edward Bulwer-Lytton puis les œuvres de Heinrich Heine . Une nouvelle de ce dernier retient son attention : "Mémoires de Monsieur de Schnabelewopski". Mémoires fictifs où le héros est censé voir, à Amsterdam, une pièce de théâtre inspirée par la légende du Hollandais volant.
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Bulwer-Lytton)(http://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Heine)
Ces Mémoires lus par Wagner cet été-là, parlent d'un vaisseau maudit errant sur les mers depuis des temps immémoriaux et donnant à chaque navire croisé des lettres à transmettre à des personnes évidemment mortes depuis belle lurette. L'équipage du bateau chargé de cette mission se doit de clouer ces lettres à l'un de ses mâts, sous peine de malheur, surtout s'il n'a pas à son bord une Bible ou un fer à cheval accroché à son mât de misaine. Quant au vaisseau maudit, il erre par la faute de son capitaine. Celui-ci, au cours d'une forte tempête, a juré par tous les diables, qu'il doublerait certains caps, dût-il rester à la manoeuvre sous les voiles jusqu'au Jugement Dernier. Le Diable, le prenant au mot, le condamne à errer sur les mers jusqu'à ce jour, à moins qu'il ne soit racheté par la fidélité d'une femme. En réalité, le Diable ne croit pas à la fidélité des femmes et c'est pourquoi il a permis au capitaine de descendre à terre tous les sept ans, pour s'y marier et travailler à sa délivrance. Jusqu'à présent l'expérience n'a pas été concluante et le Diable semble avoir eu raison. le hollandais a dû chaque fois reprendre la mer.
Lorsque le rideau d'Amsterdam s'ouvre, sept nouvelles années ont passé. Le Hollandais est plus las que jamais de son errance. Cependant, il descend à terre, rencontre un marchand écossais auquel il se lie d'amitié, lui vend des diamants à un prix dérisoire et, apprenant qu'il a une jolie fille, la demande en mariage. A l'acte II, nous sommes dans la maison de l'Ecossais. La jeune fille attend son fiancé. Souvent, avec mélancolie, elle tourne ses regards vers un tableau aux couleurs passées représentant un bel homme en costume hispano-néerlandais. Le portrait appartient à la famille depuis des générations, et, selon les dires de la grand-mère, il serait le portrait du Hollandais volant tel qu'on le vit en Ecosse cent ans plus tôt, sous le règne de Guillaume d'Orange. Et les femmes sont averties de se méfier de l'original. Cependant, cet original se présente et la jeune fille tressaute mais pas de peur. Lui, à la vue du portrait, se trouble, prend ses distances, rit dérisoirement du Hollandais volant, Juif errant des mers. Mynheer (c'est son nom) peint ses souffrances, disant que son corps n'est rien d'autre qu'un cercueil de cher où son âme s'ennuie, que la vie le rejette, que la mort le refuse et qu'il est pareil à un tonneau ballotté par les vagues. Au récit de cet enfer terrestre, Catherine regarde sans cesse le portrait et l'homme: elle est émue. Et lorsque Mynheer veut savoir si elle lui sera fidèle, elle répond: "Jusqu'à la mort!"
Ces Mémoires lus par Wagner cet été-là, parlent d'un vaisseau maudit errant sur les mers depuis des temps immémoriaux et donnant à chaque navire croisé des lettres à transmettre à des personnes évidemment mortes depuis belle lurette. L'équipage du bateau chargé de cette mission se doit de clouer ces lettres à l'un de ses mâts, sous peine de malheur, surtout s'il n'a pas à son bord une Bible ou un fer à cheval accroché à son mât de misaine. Quant au vaisseau maudit, il erre par la faute de son capitaine. Celui-ci, au cours d'une forte tempête, a juré par tous les diables, qu'il doublerait certains caps, dût-il rester à la manoeuvre sous les voiles jusqu'au Jugement Dernier. Le Diable, le prenant au mot, le condamne à errer sur les mers jusqu'à ce jour, à moins qu'il ne soit racheté par la fidélité d'une femme. En réalité, le Diable ne croit pas à la fidélité des femmes et c'est pourquoi il a permis au capitaine de descendre à terre tous les sept ans, pour s'y marier et travailler à sa délivrance. Jusqu'à présent l'expérience n'a pas été concluante et le Diable semble avoir eu raison. le hollandais a dû chaque fois reprendre la mer.
Lorsque le rideau d'Amsterdam s'ouvre, sept nouvelles années ont passé. Le Hollandais est plus las que jamais de son errance. Cependant, il descend à terre, rencontre un marchand écossais auquel il se lie d'amitié, lui vend des diamants à un prix dérisoire et, apprenant qu'il a une jolie fille, la demande en mariage. A l'acte II, nous sommes dans la maison de l'Ecossais. La jeune fille attend son fiancé. Souvent, avec mélancolie, elle tourne ses regards vers un tableau aux couleurs passées représentant un bel homme en costume hispano-néerlandais. Le portrait appartient à la famille depuis des générations, et, selon les dires de la grand-mère, il serait le portrait du Hollandais volant tel qu'on le vit en Ecosse cent ans plus tôt, sous le règne de Guillaume d'Orange. Et les femmes sont averties de se méfier de l'original. Cependant, cet original se présente et la jeune fille tressaute mais pas de peur. Lui, à la vue du portrait, se trouble, prend ses distances, rit dérisoirement du Hollandais volant, Juif errant des mers. Mynheer (c'est son nom) peint ses souffrances, disant que son corps n'est rien d'autre qu'un cercueil de cher où son âme s'ennuie, que la vie le rejette, que la mort le refuse et qu'il est pareil à un tonneau ballotté par les vagues. Au récit de cet enfer terrestre, Catherine regarde sans cesse le portrait et l'homme: elle est émue. Et lorsque Mynheer veut savoir si elle lui sera fidèle, elle répond: "Jusqu'à la mort!"
Ici a lieu dans le récit de Heine, une parenthèse où il narre sa rencontre avec une femme de l'auditoire , assise au paradis, femme mystérieuse, ni tout à fait un ange ni tout à fait un démon, mais femme à la bouche empoisonnée par le fruit de la connaissance (la fine queue d'un lézard ne boucle-t-elle pas à ses lèvres? et ne lui a-t-elle pas lancé, de son siège, les écorces d'une orange qu'elle tenait dans sa main?)
Puis le narrateur s'intéresse de nouveau à la pièce. On en est à la dernière scène. Le Hollandais a épousé Catherine. Celle-ci se tord les mains de désespoir à la vue de son mari qui repart sur son étrange navire. Mais lui se retourne, dit l'aimer et ne vouloir pas l'entraîner dans l'horrible destin qu'il lui a caché. Il clame la sentence de mort touchant la femme infidèle. Alors elle, à haute voix:" Je t'ai été fidèle jusqu'ici et je sais un moyen de le rester jusqu'à la mort!". A ces mots, elle se jette à l'eau. La Malédiction du Hollandais est levée et le bateau englouti.
Wagner, en cet été 1838, est à Riga où il a été nommé directeur de la musique et où Minna, qu'il a épousé l'année d'avant, est venue le rejoindre. Aussi est-ce un homme apparemment bien installé dans la vie qui lit cette nouvelle de Heine. d'emblée, il est frappé: cette condamnation, cette errance, ce rachat... Cependant il la met de côté. C'est que sa charge le prend. Il accomplit d'ailleurs un travail remarquable. De plus, après avoir abandonné un projet très peu wagnérien, une sorte de comédie musicale: "L'heureuse famille des ours", il se livre à la versification de "Rienzi" et en commence la composition musicale. Hélas! Il rencontre bientôt à Riga toutes sortes de problèmes et finit par ne plus supporter l'ambiance de la ville: brouille avec le directeur du théâtre, mais aussi dettes que notre chef d'orchestre aux goûts trop dispendieux a accumulées. Pourquoi dès lors ne pas fuir à Paris, patrie de tout artiste? De là, il paiera ses dettes. D'autant plus qu'il a envoyé au tout puissant Eugène Scribe, quelques mois plutôt, le canevas d'un livret d'opéras: "La Fiancée souveraine", et, afin de le convaincre de ses dons musicaux, la partition de "Défense d'aimer".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Scribe
Un voyage révélateur ou Sandwike
Wagner fuit Riga avec Minna et -pour l'anecdote- son chien Robber. Ils traversent sous la conduite d'un guide au visage patibulaire, d'impossibles frontières. Nous sommes en 1839. Wagner embarque sur un voilier peu engageant "Thétis", manœuvré par sept hommes d'équipage. Le calme ne dure pas: une tempête se lève. Vingt quatre heures terribles! Les voiles sont amenées, les haubans sifflent. Wagner est impressionné au point de voir surgir, dans l'obscurité, un bateau aux côtés de Thétis: celui du Hollandais volant! Et voilà que cette légende (que les matelots lui confirment) prend soudain pour lui couleurs de réalité. La tempête hurle toujours: Minna et lui restrnt prostrés d'épouvante dans l'étroite cabine du capitaine, tandis qu'ils voient la Thétis perdre son signe protecteur, la nymphe de la proue. Finalement les vents tombent et le bateau du capitaine Wulff aperçoit au loin, le 29 juillet, le fjord norvégien de Sandwike. Devant, la côte découpée: les écueils visibles. Derrière: les flots apaisés, l'horizon tangible. Wagner exulte (Daland ne s'écriera-t-il pas dans la première scène du Vaisseau fantôme : "C'est Sandwike! Je connais bien cette baie!" Et puis soudain, en entrant dans le port, retentit le chant d'allégresse des sept matelots, répercuté par les parois des rochers. Ce chant, il n'en comprend pas les paroles; mais son rythme deviendra dans son opéra le thème du "Chants des matelots" qui resplendit à l'ouverture. Ainsi un événement s'est produit: Wagner ressent désormais l'art comme une synthèse et il pourra écrire dans "Ma vie", songeant à ces heures dramatiques: "Le Hollandais volant parut alors devant moi. Ma propre situation lui donna la force morale. La tempête, les flots, les rochers scandinaves et la vie à bord, sa physionomie et sa couleur."
Leur voilier reprend la mer trois jours après et heurte un écueil. La capitaine doit jeter l'ancre à nouveau et faire vérifier la coque. Le premier août, l'équipage remet à la voile et, le six une nouvelle tempête les assaille. Elle durera trois jours. Le deuxième, un mercredi après-midi, vers deux heures, elle dépasse en horreur tout ce qu'on peut imaginer. Tour à tour le bateau s'enfonce dans le creux des vagues puis s'élève vers le ciel. Les matelots sont stupéfaits. Leurs regards disent assez qu'ils voient en leurs passagers une présence hostile. après tout, qui sont ces fuyards de Riga? Quant à Wagner et sa femme, ils croient leur dernière heure arrivée. Minna supplie son mari de l'attacher à lui afin qu'ils soient unis dans la mort. Qui ne reconnait ici, d'une certaine manière, la scène finale du "Vaisseau fantôme?" Le 8 août, la tempête s'apaise, le capitaine se repère, aperçoit au loin les côtes de la Hollande à la longue vue, et, le 9 accoste à Southwold sur les côtes anglaises.www.southwold.ws/
Là, un vieux pilote à cheveux gris monte à bord et inspire à Wagner une "divine sensation de sécurité". Mais une ultime tempête se lève, qui vient cette fois de l'ouest et la Thétis doit se frayer difficilement un chemin parmi les bancs de sable, mais touche enfin Gravesend, à l'embouchure de la tamise.
Les Wagner demeurent quelque temps à Londres, goûtant le charme d'une citée inconnue. Le 20 août, ils embarquent pour Boulogne où Wagner achève l'instrumentation du deuxième acte de "Rienzi" et va faire une visite à Meyerbeer, qui supporte patiemment la lecture de tout l'opéra. Puis ils se rendent à Paris et trouvent, rue de la Tonnellerie, un hôtel garni bon marché qui prétend être la maison natale de Molière.
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