mercredi 23 janvier 2013

Les avatars d'un projet : Paris.

Pour Wagner, la vie est difficile à Paris. Il n'est plus question de Scribe. La recommandation de Meyerbeer à Duponchel, directeur de l'Opéra, ne donne rien. La misère apparaît, éclairée heureusement par la rencontre d'amis dévoués, dont Anders et Lehrs, philologues, rats de bibliothèques, mais aussi frères siamois, nés de la souffrance. Converti à Beethoven, Wagner s'essaie à la musique symphonique, écrit une ouverture pour "Faust" qui, selon, Gregor-Dellin, préfigure, en dix minutes, son art à venir puis compose pour 50 Francs les "Deux grenadiers", sur un texte de Heine, une berceuse "Dors mon enfant entre mes bras" et propose en vain sa défense d'aimer" à l'Opéra, sollicitant d'ailleurs, une fois de plus, non sans lourdeur, l'aide de Meyerbeer.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Meyerbeer
Mais il emménage, rue  de Helder, un appartement fort agréable, comptant sur "Défense d'aimer", qu'il propose maintenant au théâtre de La Renaissance. C'est l'échec et Minna doit se transformer en logeuse et en femme de ménage, les amis allemands sollicités ne répondant plus.
Notons que parallèlement à toutes ces démarches, à toutes ces compositions, Wagner poursuit "Rienzi"(1) et écrit des essais sur l'art, sur la musique et une "Vie de Beerthoven" dont les premières pages paraissent le jour où il achève son opéra.
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Rienzi

C'est alors que l'idée lui vient d'un ouvrage en un acte qui aurait nom "Der Fliegende Holländer" en Français  "Le Vaisseau fantôme". Il va voir Heine, lui présente un canevas en prose française. Heine donne son accord. Nous sommes en janvier 1840. Ensuite il s'adresse à Meyerbeer et le prie de l'aider auprès du Grand Opéra dans ce projet moins onéreux que le précédent. Meyerbeer, touché par ce jeune homme zélé, doué, mais malchanceux qui lui écrit des lettres si touchantes, fait un geste par le biais de son secrétaire.
Le 26 juillet, Wagner s'adresse encore à Meyerbeer. Il lui écrit à Ems, où il prend les eaux, en lui signalant l'existence de trois airs "prêts pour l'audition: Le chant des matelots, La chanson de l'équipage hollandais et la Ballade de Senta. Enfin, en août, il envoie à Léon Pillet, nommé récemment directeur de l'Opéra, une nouvelle et brève esquisse du Vaisseau fantôme, fruit du travail qu'il a effectué il a peu.
Mais la misère s'accroît. Le chien Robber s'enfuie, harcelé par la faim. Wagner sent que Paris ne montera jamais "Rienzi" Certes, il a proposé au roi de Saxe et au baron von Lüttichau, intendant du Théâtre Royal de Dresde mais il n'a toujours pas de réponse. De plus une visite à Listz échoue.
Wagner déménage encore. Meudon, un appartement sans luxe chez un original nommé Jaddin. Ce changement de domicile et le voisinage de cet original (encore qu'il fasse beaucoup de bruit avec ses instruments désaccordés) le stimulent sans doute, car il écrit, en moins de dix jours, du 18 au 28 mai 1841, le manuscrit original du Vaisseau Fantôme. Quelque temps après il envoie à Léon Pillet. Ce dernier se dit enfin intéressé mais décide d'en confier le livret à Paul Foucher (1) et la partition à Louis-Philippe Dietsch. (2) (Le Vaisseau Fantôme de Foucher et de Dietsch sera créé le 9 novembre 1842 sous la direction de Habeneck et joué 12 fois)
Wagner est révolté, mais talonné par le besoin, il accepte et vend son projet au Grand Opéra pour cinq cents francs. Seulement la révolte est bonne à quelque chose car il n'a rien de plus pressé que de versifier lui-même son sujet en allemand et de se procurer un piano. (Ma vie de R.Wagner)

(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Foucher
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Louis_Dietsch 





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