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La victoire de la Lumière sur les Ténèbres
La Flûte Enchantée
Tableau X scène 30
Un immense soleil symbolise la clarté. Le rythme de la musique devient lumineux sur l'accord imprévu d'un Fa mineur menant à un Si bémol. Nous nous trouvons dans le temple et les derniers vestiges de la tourmente précédente ont disparu.
Sarastro est debout devant l'assemblée. Tamino et Pamina sont là, revêtus des mêmes habits blancs que les prêtres. Les Trois Garçons sont là aussi, avec des fleurs dans la main.
Encore un écho de la descente de la Nuit, puis une montée de la Lumière avec des gammes ascendantes des violons, comme un vol d'alouettes en plein ciel; enfin la fanfare rayonnante de deux fois trois accords: l'astre est là, dans toute sa majesté.
Sarastro, en un court récitatif, proclame la victoire du Soleil sur la Nuit et l'anéantissement des hypocrites ( der Heuchler), au pouvoir traîtreusement conquis. Le Si bémol a rejoint maintenant le Mi bémol "hiératique". C'est dire que la voix se déploie solennellement: ponctuée une fois, puis deux fois par l'accompagnement, comme trois grandes assertions; soulignant d'une impressionnante chute de tessiture le mot hypocrites; puis concluant plus mélodiquement... Le motif du récitatif de Sarastro est imité de celui de la cantate: Dir, Seele des Weltalles ( A toi, âme du Cosmos, hymne au soleil mozartien de date incertaine, et ce n'est pas sans rapport avec le choeur final de Thamos, autre hymne au Soleil.
Alors a lieu le Choeur final, en Mi bémol majeur, composé d'un andante et d'un allegro.
Préfacé par de grands accords, l'andante est un salut aux nouveaux initiés, ayant traversé la Nuit, puis une action de grâce à Isis et Osiris. Le même thème se retrouve à la fin des Noces de Figaro, quand la comtesse pardonne au comte.
Aussi les époux Massin voient-ils comme une indiscutable signature maçonnique apposée à cette oeuvre.
Signature maçonnique ou pas, Hermann Abert (in W.A . Mozart tome II page 300) note que dans Les Noces de Figaro comme dans La Flûte enchantée, c'est la même purification ou lustration du couple.
Tout cela ne rend pas compte de la beauté solennelle de cet andante, de l'ampleur concertante de ses voix ou de ses forts contrastes, jusqu'à frôler le susurrement.
Vient l'allegro à quatre voix mixtes, syllabique comme toute moralité, et célébrant les trois vertus fondamentales: la Force, la Beauté et la Sagesse.
Ce sont là les trois piliers du Temple. Ce sont aussi les trois piliers symboliques de tout temple maçonnique, piliers représentés par trois bougies, posées sur des chandeliers, que le Maître de Cérémonie allume successivement lors du rituel d'ouverture des travaux: la Force édifiant, la Beauté ornant et la Sagesse dirigeant...
Le rythme de l'allegro, d'abord vif comme une danse villageoise, se mue chez les sopranos en suaves vocalises, à l'évocation de la Beauté, ainsi opposée à la Force, et rappelle la ligne de chant de Tamino célébrant la puissance de la musique au moment d'affronter les épreuves, lors du quatuor avec Pamina et les Hommes en armure.
Le rythme revient alors pour l'apothéose finale sur un Mi bémol jubilatoire et les trois accords terminaux concluent le postlude.
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